Introduction
Les objets vont devenir "intelligents". Ils vont communiquer entre eux créant des environnements interactifs dans des lieux divers, maison, bureau, hôtels, entrepôts, magasins… Cette révolution technologique aura un impact déterminant sur de nombreux secteurs de notre vie quotidienne.
es tNotre communication actuelle avec les machines est biomécanique : une impulsion de la main sur un interrupteur, une poignée, ou un volant. Plus récemment, la télécommande, le clavier sans fils, la souris, ont étendu notre capacité de communication à distance avec téléviseurs ou ordinateurs. Mais les environnements intelligents vont apporter une nouvelle dimension aux logements et aux bureaux. En devenant "proactifs" plutôt que seulement passifs. Un environnement passif, tel que l'avait prévu la domotique, consiste surtout à demander aux personnes d'effectuer un certain nombre d'opérations pour que leur environnement réponde à leurs souhaits ou à leurs besoins. Au contraire, un environnement proactif va capter des paramètres biologiques. Dans les applications de biométrie, par reconnaissance des visages ou de l'iris, l'interface informatique identifiera une personne. La pièce pourra alors s'adapter à l'éclairage, l'ambiance sonore, ou la climatisation que cette personne souhaite.
Les environnements intelligents reposent aussi sur l'identification de chaque objet, l'interrogation à distance de cette l'identité et la connexion sans fil « d'étiquettes intelligentes » à Internet pour accéder à des bases de données. Aujourd'hui 5 milliards de code bar sont scannés chaque jour dans 140 pays, mais cette suprématie touche sans doute à sa fin avec l'arrivée des RFID's, les « radio frequency identification systems » ou « étiquettes intelligentes ». Il s'agit de puces électroniques minuscules (quelques millimètres carrés) jouant le rôle de transpondeurs et pouvant être placées dans les objets les plus divers. L'acheteur d'une grande surface n'aura plus à faire la queue pour attendre que les produits de son caddie soient analysés un par un par un lecteur de code bar : toutes les étiquettes intelligentes seront lues en vrac et même à travers les paquets. Les visiteurs d'une exposition recevront sur leur PDA des informations sur le tableau ou le stand devant lequel ils se trouvent.
Les technologies actuelles de production des RFId's permettent de les obtenir à des prix très bas. Des entreprises de taille mondiale étudient les multiples applications des RFID's. Leur objectif : améliorer la gestion des stocks et la distribution, favoriser le recyclage, et fournir des information aux clients grâce aux « objets communicants ». Mais déjà les associations de consommateurs s'élèvent contre les atteintes à la vie privée, représentée par la « traçabilité » des objets achetés ainsi que par la perspective d'une communication de machine à machine qui se ferait à travers nous mais à notre insu. Il faudra demeurer vigilants sur les dérives possibles de cette technologie qui devrait nous envahir prochainement.
L'homme a toujours rêvé de transmettre sa pensée par télépathie ou d'acquérir de nouveaux sens permettant de "voir" l'invisible, de détecter des forces ou des impulsions qu'il ne sait pas encore percevoir. Avec l'avènement de la biotique, ce rêve pourrait devenir réalité. La « biotique » est le résultat de la fusion de la biologie et de l'informatique pour la mise au point de nouveaux composants et de circuits électroniques moléculaires (bio puces, bio transistors) ainsi que pour le développement d'interfaces bioélectroniques entre l'homme, les ordinateurs et les réseaux.
Les frontières entre le biologique, le mécanique et l'électronique s'estompent. Des chercheurs se sont implantés une puce dans le bras pour communiquer avec leur environnement et être reconnu par les systèmes de sécurité. Des travaux effectués sur des rats ou des singes, montrent que ces animaux peuvent communiquer directement avec des ordinateurs ou des bras robotiques, non par la « pensée », mais grâce à des séries d'électrodes placées en certains endroits du cerveau. Les impulsions neuronales correspondants aux mouvements souhaités par l'animal étant décodées par un ordinateur et transformées en actions mécaniques. Les prothèses cérébrales entrent ainsi en symbiose avec un environnement fait de machines ou de robots. D'autres chercheurs travaillent sur des « neuropuces » directement connectables à des zones du cerveau comme l'hippocampe, offrant de nouveaux espoirs pour les personnes ayant subi de graves traumatismes crâniens, suite à des accidents.
Mais la prudence s'impose face à de tels développements scientifiques et techniques, un fossé éthique existe entre l'homme « réparé », l'homme « transformé », et l'homme « augmenté ». Les puces et les implants permettent théoriquement d'augmenter les fonctions cérébrales ou métaboliques d'une personne en bonne santé disposant des moyens financiers pour s'offrir les dernières avancées en matière de prothèses neuronales, sensorielles ou métaboliques. Avec l'immense risque de la création de « sous-hommes » et de « surhommes ».
Ces recherches et applications sur les environnements intelligents et les interfaces homme/machine risquent de porter atteinte à l'intégrité des données personnelles. Une réflexion d'ordre éthique, fondée sur des valeurs partagées respectant les droits et les libertés de chacun, s'impose afin d'éviter toute dérive préjudiciable à l'avenir de l'humanité.
Bonjour,
JE viens de lire votre livre que je trouve passionnant et complementaire avec la revolte du pronetariat.
Je ressens toutefois un manque dans cette 5eme partie (Environnements intelligents et interface homme/machine)sur laquelle j'aimerai avoir votre vision :
Il s'agit de l'avenement annoncé de la robotique domestique et notamment de la robotique humanoide.
Quand on voit les travaux menés par une start up francaise telle que aldebaran robotics, on ne peut s'empecher de penser qu'il pourrait y avoir une large convergence de domaines de recherches variés tels que la domotique, la reconnaisance de visage, le dialogue homme machine, l'intelligence articificelle, etc..
Ne pensez vous pas qu'à l'instar de l'industrie automobile au XX siecle, l'industrie robotique pourrait agreger et cristaliser differents secteurs de la recherche et devenir le vecteur de leur developpement
merci pour votre avis
Rédigé par : nameluas | 20 mai 2007 à 21:56
Nameluas, je suis d'accord avec vous ! J'ai été trop prudent sur la robotique du futur. Vous n'êtes pas le premier à me le reprocher. L'idustrie robotique pourrait être, comme vous le suggérez très justement, un agrégateur transdisciplinaire de plusieurs secteurs industriels, et donc créateur d'emploi et ouvrant de nouveaux marchés.
Je vais essayer de compléter ce que j'écris dans le livre sur mes blogs ou sur mon site web www.derosnay.com.
Merci encore pour votre commentaire
Joël
Rédigé par : Joël de Rosnay | 23 mai 2007 à 16:19
Je refute tout ces nouveaux systèmes électroniques sensés nous commander comment vivre alors que la nature s'en charge depuis de millions d'années. Tout ce qui peut paraitre surperfule devrait être mis de côté quant au reste (pour aider les personnes handicapées, la maladie etc) alors cela doit être rigoureusement réglementés et soumis à l'étique sur la recherche médicale. Mais cela me fait peur pour être honnête, j'espère réelement un retour au source, avec un environnement sain et des valeurs sociales saines.
Rédigé par : Kriptonyte | 31 mai 2007 à 08:13
Bonjour,
Je vis au Québec et je m'intéresse aux questions liées aux interfaces homme-machine. Je voudrais savoir où est ce que je peux trouver votre livre à Québec ou à Montral.
Merci
Rédigé par : Rabah | 19 septembre 2007 à 05:19
Apres avoir lu votre métaphore du Cybionte mon imagination s'est mise a générer de nouvelles formes d'idées et d'électricités et dans les 8 dernières j'ai finalisé l'écriture de 64 contes illustrés pour enfant qui est une fable sur le don d'ubiquité, la précession des équinoxe, la naissance prophétisée du cybionte, la révolte calendaire et l'inversion des pôles.
Vous êtes un esprit clair et inspirant. Merci de partager vos idées.
Rédigé par : Jonathan Belisle | 11 décembre 2007 à 08:25