Introduction
Comprendre les énergies du futur nécessite une approche systémique tenant compte de l'interdépendance des facteurs et des mécanismes de régulation. Cette approche permet de relier économie et écologie, écosystèmes et éco capital.
Si, au nom du « développement durable » on oppose trop souvent développement économique et protection de l'environnement dans un affrontement stérile, la notion de « développement adaptatif régulé » présente, me semble-t-il, trois avantages.
Le « développement » de la planète est envisagé sous l'angle d'un organisme susceptible de croître harmonieusement. « Adaptatif » signifie que ce développement s'adapte à son environnement. Enfin, la « régulation » est le rôle des "éco citoyens", chacun étant responsable de ce développement équilibré. Mais, pour l'heure, la prise de conscience n'est pas suffisante et le « chacun pour soi » l'emporte encore sur le « chacun pour tous »…
Au-delà des énergies « classiques » bien connues (charbon, pétrole, gaz, nucléaire,…) il convient de s'intéresser aux énergies dites « renouvelables » et surtout à leurs interdépendances. On peut ainsi décrire cinq formes d'énergies solaires directes et indirectes (photovoltaïque, thermique, hydroélectrique, éolienne, biomasse) et leur renforcement dans des grilles multimodales de production, de stockage, de distribution et d'économie d'énergie. (auxquels on peut ajouter la géothermie et les centrales marémotrices).
Les différents modes de transport de demain devront tenir compte des formes d'énergie disponibles dans un contexte de limitation des ressources pétrolières. La voiture hybride, qui comporte deux moteurs (l’un à essence, l’autre électrique) est déjà une réalité. Les transmissions électriques étant bien plus performantes que les transmissions mécaniques, les modèles futurs devraient minimiser la mécanique avec un moteur électrique par roue. Actuellement, les modèles les plus avancés consomment aujourd'hui 3 à 4 litres aux 100 km, ce qui fait qu'ils émettent deux fois moins de CO2 que les véhicules classiques
Au cours des vingt prochaines années, les voitures à pile à hydrogène (on dit aussi à combustible ou PAC) fonctionnant à l'hydrogène devraient prendre le relais. La PAC n'est plus une innovation de science-fiction… Elle est déjà utilisée en astronautique et en aéronautique. Pour que son développement se généralise, il faut que l'on soit capable de produire des versions « micro » pour les téléphones et les micro-ordinateurs, des versions « moyennes » domestiques pour les maisons et les voitures et des versions de capacité importante pour alimenter des quartiers entiers.
Un des problèmes posé par l'utilisation de l'hydrogène reste celui de sa production. Actuellement, on produit surtout de l'hydrogène avec du gaz naturel. Cependant, des voies intéressantes de production sont représentées par la biomasse avec les déchets agroalimentaires, l'électrolyse de l'eau ou la culture massive d'algues photosynthétiques.
Croissance et consommation à tout prix sont de toutes façons incompatibles avec le développement durable et la protection de l'environnement. Il est, aujourd’hui établi que le développement des sociétés industrialisées soumises aux valeurs de l'économie de marché met en danger l'équilibre du monde. Dans le système actuel, l'économie tourne en circuit fermé, de manière déconnectée de l'environnement. Les lois du marché ne permettant pas de réguler les effets de l'industrie et des technologies sur l'écosystème, (selon le rapport Stern sur les impacts écologiques du changement climatique, celui-ci constitue « le plus grand et le plus large échec du marché jamais vu jusqu’à présent » l’avenir de l’humanité passe par une étroite symbiose entre économie et écologie.
Pour cela, il convient de changer les mentalités et de modifier les pratiques individuelles de transport, de consommation d'énergie, de biens et de services. Chacun doit se mobiliser à son niveau : citoyens, ONG, pouvoirs publics, entreprises. Seul l'éco-civisme au quotidien -multiplié par des millions d'individus- et associé à une modification du système de production, en particulier la relocalisation mais aussi l'économie immatérielle, pourront avoir un impact sur l'écosystème planétaire.
C'est certainement l'un des choix collectifs les plus importants que l'humanité aura à assumer au cours des vingt prochaines années.
Les énergies du futur
Energies (au pluriel) et développement durable sont donc des enjeux fondamentaux pour les sociétés à venir. A horizon 2015-2020, il devient de plus en plus nécessaire de gérer notre planète dans un souci de développement durable. Tous les spécialistes s’accordent sur le fait que les ressources pétrolières se raréfiant, il sera impossible de satisfaire la demande croissante des pays émergents tels que la Chine ou l’Inde. J’en reparlerai.
Dans ce chapitre, j’essaierai de dresser un vaste panorama de la situation, sachant qu’il me semble difficile de comprendre les enjeux de la production, de la distribution et de la maîtrise de l’énergie sans une vision globale, ou « approche systémique » (par opposition à l’approche analytique que j’ai définie dans les pages précédentes). Pour commencer, je reviendrai sur certains termes en les resituant dans leur contexte.
Puis, j’aborderai le développement durable proprement dit : de quoi s’agit-il ? Qu’est-ce qui se cache exactement derrière cette expression ? Je passerai ensuite en revue les différentes formes d’énergie et, plus particulièrement, les énergies « renouvelables », notamment les énergies solaires.
Le C02, le réchauffement planétaire, l’effet de serre, les économies d’énergie ou le recyclage, occuperont un espace important dans ce panorama. De même que les innovations les plus prometteuses à horizon 2015-2030.
Enfin, je m’attarderai sur « l’économie de l’hydrogène », la pile à combustible et les transports de demain, de plus en plus évoqués aujourd’hui par les politiques ou dans les médias.
Je terminerai ce tour d’horizon en vous invitant à réfléchir à quelques idées susceptibles de contribuer à sauver la planète. J’ai imaginé comment chaque « égo citoyen égoïste » (appliquant le « chacun pour soi ») pourrait se métamorphoser en « éco citoyen solidaire » et pratiquer le « chacun pour tous »… Comment réussir à faire en sorte que l’action de chaque individu se démultiplie pour s’étendre à l’ensemble de la planète ?
Coincidence : j'écoutais votre interview à la Radio Suisse Romande en même temps que je rédigeais un article intitulé "On brulera vraiment tout" qui soutient que tout effort visant à freiner la consommation des énergies fossiles est illusoire.
Je m'appuie entre autres sur un récent article d'Ivar Ekeland dans le "Pour la Science" de Juin 2007 qui vient de paraitre.
Bref, pour faire court et de ce fait être un peu brutal, il me semble que le point de vue assez "politiquement correct" de votre chapitre est à la frontière de la naïveté, et qu'un exercice de futurologie sur le thème de l'énergie doit inclure un chapitre sur la gestion d'un désastre écologique planétaire désormais inévitable.
Rédigé par : Dr. Goulu | 25 mai 2007 à 11:13
Bonsoir Monsieur de Rosnay,
je voudrais avoir votre avis sur un article que j'ai écrit sur la civilisation de l'hydrogène et de l'électricité.
Vous trouverez cet article sur : http://www.grenelleenvironnement.org/2007/08/grenelle-de-len.html
J'aimerais vous rencontrer et vous interviewer sur ce sujet.
Avec tous mes remerciements
Julien IRONDELLE
Rédigé par : julien IRONDELLE | 28 août 2007 à 23:34
Julien : J'ai trouvé votre article sur l'hydrogène, très intéressant. J'ai également suivi les liens. Je suis sûr que vous avez lu le livre de Jeremy Rifkin sur "l'économie hydrogène" et son concept "d'hydronet". Vous pouvez m'appeler à la Cité des Sciences au 01 40 05 73 38
Rédigé par : Joel de Rosnay | 29 août 2007 à 11:31
En faisant des recherches google sur mon nom, j'ai découvert aujourd'hui que vous m'aviez laissé un message sur votre blog.
Je vous contacte sans faute lundi
Julien IRONDELLE
Rédigé par : irondelle | 28 septembre 2007 à 19:51
Bonjour,
avec un ami ingénieur nous avons essayé de bâtir une note de synthèse plus solide sur l'Alternative Hydrogène : http://www.alternative-hydrogene.fr
Nous aimerions vous rencontrer pour avoir votre avis et vous proposer un projet.
Avec tous mes remerciements
Julien IRONDELLE
Rédigé par : julien IRONDELLE | 13 décembre 2007 à 21:51
A Julien :
Merci beaucoup pour cet intéressant article de synthèse. Vous pouvez me téléphoner à la Cité des Sciences au 01 40 05 73 38.
Rédigé par : Joel de Rosnay | 14 décembre 2007 à 09:11