Metz Meeting : l’innovation passe par la multidisciplinarité.
Penser l'avenir différemment - La Grande Région peut-elle devenir un leader industriel ou technologique ? article de Stephane Etienne paru dans Luxemburger Wort du 6 decembre 2014. Télécharger l'article en entier
Ce mardi 2 décembre 2014 avait lieu au Centre des congrès de Metz la première édition de Metz Meeting. Intitulé «L’Avenir se lève à l’Est», ce premier rendez-vous des acteurs de l’innovation en Grande Région avait invité comme grand témoin Joël de Rosnay. Pour le célèbre scientifique français, l’innovation ou plutôt les systèmes innovants ne peuvent émerger que par les rencontres et les contacts entre disciplines différentes. Le temps d’une matinée, entrepreneurs, chercheurs, enseignants, financiers et personnalités politiques ont échangé leurs idées et partagé leurs expériences devant un public nombreux. Animés par le journaliste Emmanuel Kessler, chef du Pôle Economie sur la chaîne d’information en continu LCI du groupe TF1, les débats ont porté sur trois thèmes: apprendre et entreprendre différemment, penser et bâtir l’avenir différemment, inventer et réinventer. De toutes ces discussions, il en est ressorti que la Grande Région ne pourra devenir à terme un leader industriel, technologique, énergétique et numérique exemplaire que si elle continue à enrichir ses réseaux et multiplie les lieux de rencontre et d’échange. Interconnecter les innovations entre elles.
Invité à s’exprimer pour compléter ces débats, Joël de Rosnay a largement approuvé ces conclusions. Selon lui, il ne faudrait d’ailleurs pas parler d’innovation, mais plutôt de systèmes innovants, c’est à dire des innovations interconnectées entre elles qui conduisent à des ruptures technologiques au sein de la société. «Internet, par exemple, n’est pas une innovation en soi.
Pour catalyser ces systèmes innovants, estime Joël de Rosnay, certaines conditions doivent être remplies. A commencer par des lieux appropriés qui vont faire émerger les innovations et les relier entre elles. «Il peut s’agit de lieux externes comme les incubateurs, les pépinières ou les technopôles. Ces lieux peuvent également être développés en interne comme les intraprises qui donnent les moyens aux collaborateurs et salariés de se comporter comme de véritables entrepreneurs au sein de leur entreprise. Google a ainsi lancé son programme Blue Sky où les employés peuvent disposer de 20 % de leur temps salarial pour rêver, développer des idées ou conduire leur projet personnel. Grâce à ce programme, l’entreprise a pu lancer 47 nouveaux produits dans les trois dernières années.» Favoriser la transversalité La culture d’entreprise vis-à-vis de l’innovation et les méthodes de travail doivent également changer.
«L’innovation est encore trop souvent considérée comme un processus linéaire et causaliste. Or celle-ci ne se programme pas ni ne se décrète, elle naît de rencontres, de discussions et de partages. Il ne faut pas non plus l’enfermer. Ainsi, je ne suis pas persuadé que créer une structure verticale comme un département de l’innovation avec, à sa tête, un directeur soit le meilleur moyen d’innover. Il faut, au contraire, favoriser la transversalité, mettre en place des groupes de travail multidisciplinaires avec des personnes de culture et d’horizon différents comme des scientifiques, des technologues, des économistes, voire des artistes.» Innover par la multidisciplinarité serait-elle la clé de la croissance? Frédéric Schnur, un des participants au débat, en est convaincu. Lors du dernier marathon des données (Hackathon) organisé en octobre dernier à Metz par son association «Grand Est Numérique», 50 participants aux profils très variés sont parvenus, en 48 heures à peine, à créer une dizaine de projets novateurs en mixant des données dont les croisements n’ont pas encore été imaginés.
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