Article publié dans L'Obs Le plus le 26 avril 2015
LE PLUS. L’intelligence des robots et des réseaux numériques interconnectés, évoluant à une vitesse exponentielle en relation avec l’évolution humaine, va ouvrir de nouvelles dimensions du cerveau humain. A condition que les hommes parviennent à un contrôle planétaire vigilant de l’intelligence artificielle... Éclairage de Joël de Rosnay, scientifique et conseiller de la présidente d'Universcience (Cité des sciences et de l'industrie et Palais de la découverte).
Édité par Hélène Decommer Auteur parrainé par Dominique Nora
Récemment, des scientifiques et des dirigeants d’entreprises influents déclaraient publiquement que l'intelligence artificielle (IA) constituait l’une des pires menaces pour l’humanité. C’est en tous les cas le point de vue de l’astrophysicien Stephen Hawking, du fondateur de Microsoft, Bill Gates, ou encore d’Elon Musk, cofondateur de Tesla Motors et de SpaceX.
Atteint de la maladie de Charcot (dystrophie neuromusculaire) Stephen Hawking, qui communique pourtant avec le monde extérieur grâce à un ordinateur synthétiseur de voix, actionné par le mouvement de ses yeux, explique que l’IA risque de conduire l’humanité à sa perte parce que les ordinateurs et les robots devenus plus intelligents que l’Homme finiront par le réduire à l’esclavage. Même discours alarmiste du côté du fondateur de Microsoft, qui dénonce lui aussi le danger de domination de l’IA sur l’humanité. Quant au créateur de la Tesla électrique ou du nuage de satellites qui donnera au monde entier l’accès Internet, il subventionne l’Institute for the Future of Life (l’Institut pour le futur de la vie) à coups de millions de dollars pour qu’il trouve le moyen de contrôler, voire de stopper, l’IA et les robots intelligents.
De nouvelles dimensions plutôt qu'une domination
Une erreur souvent commise, notamment par les personnalités citées précédemment, est de comparer la vitesse de l'évolution exponentielle des ordinateurs, réseaux neuronaux et robots, à celle des mutations des neurones du cerveau, qui, elle, serait linéaire. On retrouve la célèbre divergence temporelle entre progression géométrique et progression arithmétique que Malthus avait déjà signalée en comparant la vitesse de l'évolution démographique conduisant à la surpopulation et celle de la capacité de l’humanité à produire suffisamment de nourriture pour sa survie.
Pourtant, une étude approfondie des tendances technico-sociétales suggère que l’intelligence de nos cerveaux, interconnectés en symbiose avec les robots, l’IA et les réseaux numériques, est en train d’évoluer simultanément et à une vitesse exponentielle. Un processus qui pourrait ouvrir de nouvelles dimensions, encore inconnues du cerveau humain, plutôt que de conduire à sa domination. Si nous parvenons, bien entendu, à assurer la complémentarité IA/ cerveaux humains interconnectés
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